Louange à Allah, Seigneur des mondes, paix et bénédictions d’Allah sur celui qu’Il a envoyé comme miséricorde pour l’humanité, ainsi que sur sa famille et ses compagnons jusqu’au Jour de la résurrection.
Certes, la meilleure façon de se rapprocher du Très-Haut est d’apprendre Sa parole, comme nous l’indique le Messager d’Allah ﷺ : « Le meilleur d’entre vous est celui qui apprend le Coran et l’enseigne. » [Al-Boukhârî (5025, 5027), Mouslim (938)]. L’apprentissage du Coran a pour noble but l’application de ses principes et l’attachement à ses croyances de façon conforme à ses enseignements. Le serviteur d’Allah est ainsi dans le besoin impérieux de comprendre la parole divine, afin que celle-ci pénètre son cœur et son âme, et se ressente à travers ses faits et gestes au quotidien.
Le terme français « Coran » est tiré de l’arabe « Qour’ân » qui revêt deux significations. La première (Qour’ân), linguistique, correspond à la racine verbale du verbe « Qara’a », signifiant « réciter », tel qu’il est mentionné dans le saint Coran : « Lorsque Nous te le lisons, contente-toi donc d’en suivre la récitation. » (S.75, Al-Qiyâma, V.17). L’autre signification (Al-Qour’ân) désigne le Livre saint renfermant les paroles divines incréées, perpétuelles, incorruptibles, explicites, révélées progressivement au Prophète Mouhammad ﷺ, par une inspiration claire, en langue arabe, par l’intermédiaire de l’Archange Jibrîl (Gabriel), sans la moindre altération, ensuite fidèlement et scrupuleusement mémorisées puis consignées (oralement et par écrit) par les éminents compagnons du Prophète Mouhammad ﷺ. Le Coran est composé de cent quatorze sourates classées selon un ordre décroissant. Les sourates sont elles-mêmes subdivisées en versets dont le nombre total dépasse les six mille.

Le Coran a la particularité et le privilège de jouir exclusivement de son caractère inimitable et de n’avoir subi aucune altération. Participer à l’apprentissage du texte sacré, à son explication, sa traduction et sa propagation est une nécessité qui s’impose de nos jours afin d’assurer la continuité de la transmission des enseignements religieux de l’islam, même si, notons-le, il est difficile – dans le cas de la traduction – de reproduire les caractéristiques de la langue arabe d’une part et il est impossible, d’autre part, de cerner et donc de traduire tous les sens du Coran, caractérisé par son inimitabilité et la multitude de lectures et d’interprétations que seul Allah connaît.

Traduire le Coran ne peut être qu’une décision difficile à prendre pour un musulman. Plus de dix années d’expérience dans la traduction, avec une cinquantaine d’ouvrages traduits, dont la plus fameuse exégèse coranique, le Tafsîr ibn Kathîr, près de dix années d’étude du dogme musulman, de la grammaire et de l’éloquence arabes, de la jurisprudence islamique, de l’exégèse et des sciences coraniques, dans la faculté des sciences islamiques de la Mosquée du Prophète à Médine, n’y font rien et pèsent somme toute bien peu devant ce projet que le musulman ne peut aborder qu’avec la plus grande humilité. Comment pourrait-il en être autrement alors qu’il s’apprête à restituer dans une autre langue la parole du Seigneur de l’univers ?
Celui qui entreprend de traduire le Coran est donc nécessairement tiraillé par une question qui ne le quittera jamais : suis-je à la hauteur d’un tel projet ? La réponse est évidemment négative. Nul traducteur, quelles que soient ses compétences, ne saurait rendre la magnificence d’un style que seul celui qui est initié à la langue arabe pourra ressentir, ni le rythme palpitant de ses versets, ni même la précision de ses enseignements. Tout au plus pourra-t-il laisser deviner l’infinie sagesse de ses préceptes. Car un être foncièrement imparfait, même guidé par les meilleures intentions, ne saurait retranscrire les significations sublimes de la parole de l’Être qui possède tous les attributs de perfection.
Celui qui entreprend de traduire le Coran se pose d’emblée une autre question : que vais-je apporter au lecteur francophone qui a déjà à sa disposition de nombreuses traductions ? Ces dernières, dont le nombre dépasserait la cinquantaine, peuvent être classées en différentes catégories :
La première, celle des orientalistes, se caractérise souvent par une littéralité forcée que n’autorisent ni les règles communément admises de la traduction qui veulent que l’on ne traduit pas les mots d’un texte mais sa signification, ni les savants de l’islam pour lesquels il ne peut y avoir, il ne doit y avoir, de traduction du Coran, mais seulement une traduction de l’exégèse coranique. Entrent dans cette catégorie les traductions de Denise Masson, l’une des plus agréables à lire, de Jacques Berque ou de Régis Blachère. Plus étonnant de la part de ces orientalistes réputés, la présence de grossières erreurs de traduction que l’on a, là aussi, beaucoup de mal à s’expliquer, si ce n’est par une consultation trop superficielle des exégèses coraniques ou par le fait qu’une langue apprise ne sera jamais maîtrisée comme une langue maternelle.
On ne retrouve donc pas cette lacune dans la seconde catégorie, celle des traducteurs arabes francophones et musulmans qui nous offrent les meilleures traductions disponibles, en particulier le Mauritanien El-Mokhtar Ould Bah et le Marocain Mohammad Chiadmi qui, malgré quelques lourdeurs de style, ont su parvenir à un certain équilibre entre la fidélité au texte et la fidélité à la langue française.
Tout traducteur se doit en effet d’éviter deux écueils : le premier, une littéralité exagérée aux dépens de la beauté du texte initial, le second, la recherche du style dans la langue d’arrivée, en l’occurrence le français, au détriment de la fidélité au texte que l’on souhaite retranscrire. Le bon traducteur est donc celui qui est capable de parvenir à un juste équilibre entre les contraintes du style et la fidélité au texte. Nous avons nous-mêmes été maintes fois confronté à un dilemme dans le choix d’une tournure plutôt qu’une autre, l’une collant mieux au texte, l’autre d’un style plus pur. Nul doute que, de ce point de vue, les traductions d’El-Mokhtar Ould Bah et de Mohammad Chiadmi, dont nous nous sommes à de rares occasions inspiré, sont les plus accomplies. Faut-il l’expliquer par leur parfaite connaissance de la langue arabe, par leur mise à profit plus systématique des exégèses coraniques ou encore par la sincérité et la ferveur qui, on peut le supposer, ont accompagné ces deux musulmans dans leur démarche ? Toujours est-il que ces deux traductions sont aujourd’hui les plus remarquables à la disposition du lecteur francophone.

Pourquoi donc y ajouter celle-ci ? Peut-être pour pallier un manque : l’absence – ou la quasi-absence – de traducteurs appartenant à une troisième catégorie, celle de Français musulmans, de traducteurs formés à « l’école de la République », dont le français est la langue naturelle, maternelle si l’on peut dire, et l’islam la religion. Peut-être aussi pour ajouter nous-même notre pierre à cet édifice puisqu’il n’existe pas et n’existera jamais de traduction parfaite du Coran, mais seulement, comme aiment à le rappeler certains titres, des « essais de traduction du Coran ». Nous avons donc voulu, avec la plus grande humilité, armé du désir de nous rapprocher de notre Seigneur, « essayer » nous aussi de faire découvrir la beauté et la force d’un texte si peu connu des non musulmans que, pour beaucoup, ils ignorent jusqu’à l’origine divine du texte sacré, persuadés qu’il n’est, comme peut l’être l’Evangile, qu’un recueil des paroles et des faits et gestes du « prophète des Arabes ».
Autre raison qui nous a poussé à entreprendre cette traduction, ce constat : nombreux sont les versets qui, rendus de manière brute par les traducteurs, aussi doués soient-ils, sont tout simplement incompréhensibles, nécessitant un minimum d’explication et de clarification. Nous nous sommes donc fixé cette règle : ne laisser aucun verset obscur pour un lecteur non averti sans en éclairer le sens et ce, à l’aide de près de mille cinq cents notes de bas de page tirées des exégèses de référence : Tafsîr At–Tabarî, Tafsîr ibn Kathîr (basée sur les incontournables références en termes d’exégèse, dont celle de l’érudit Al-Hâfizh Ibn Kathîr, qu’Allah lui fasse miséricorde – dont la traduction du commentaire est également éditée et publiée par les éditions Al-Haramayn en 5 volumes (L’authentique de l’exégèse d’Ibn Kathîr, Sahîh Tafsîr Ibn Kathîr), Tafsîr Al-Qourtoubî, Tafsîr Ach-Chawkânî, Tafsîr Al-Baghawî, Tafsîr ibn Al-Jawzî, Tafsîr As-Sa‘dî, Tafsîr ibn ‘Âchoûr, et d’autres encore, en tout une quinzaine d’exégèses auxquelles nous nous sommes référé de façon systématique, ne traduisant aucun verset sans consulter tout ou partie de ces précieux commentaires.
La traduction du Coran, proposée dans le présent ouvrage, est élaborée par les soins du cheikh Rachid Maach, un traducteur francophone expérimenté, versé dans les sciences islamiques, qui a eu pour objectif de se rapprocher autant que possible du texte originel. Il a également joint à sa traduction une série d’annexes comprenant, entre autres, des détails relatifs à des points évoqués en notes de bas de page, parmi lesquels : quelques paroles du Prophète, le dogme musulman, Jésus dans le Coran, biographie du prophète Mouhammad, le contenu coranique et enfin comment le Coran nous est parvenu ?

Voici donc l’une des traductions du Coran les plus claires, les plus agréables à lire et les plus fidèles au texte arabe. L’auteur, ancien élève du cheikh Sâlih Al-Fawzân, auprès de qui il a notamment suivi des cours d’exégèse coranique, est diplômé du Centre d’études islamiques de la Mosquée du Prophète à Médine, où il a étudié des sciences aussi diverses que la croyance et la jurisprudence islamiques, les sciences du Coran et du hadith, l’exégèse coranique, la grammaire et l’éloquence arabes. Il est également traducteur du Tafsîr ibn Kathîr, l’exégèse la plus connue du Coran. Il s’est notamment appuyé, dans sa traduction, sur près de quinze exégèses de référence.

Nous prions le Très-Haut d’accepter cette œuvre et de rendre ce travail bénéfique à la communauté de Mouhammad ﷺ, en espérant que le lecteur francophone puisse bénéficier de cette traduction qui lui fournira les outils nécessaires à la compréhension optimale des paroles divines.
Tout bien qui s’y trouve provient de la grâce divine et toute erreur qui aurait pu s’y glisser émane de notre propre faute, et de Satan. Ainsi, nous demandons au Très-Haut de nous pardonner pour tout manquement de notre part, puis aux lecteurs de ne pas nous en tenir rigueur.
Que le salut soit sur Mouhammad ﷺ, sur sa famille et ses compagnons. Louange à Allah, Seigneur de l’univers.